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PSG : Galtier n’a pas su gravir l’Everest Saint Germain

Le mercato estival du Paris Saint Germain a enfin commencé, le club de la capitale s’est officiellement séparé de Christophe Galtier, et officialisé l’arrivée de Luis Enrique pour lui succéder. Le coach français avait été informé en amont, après plusieurs réunions avec son directeur sportif et ami, Luis Campos, qu’il n’entraînera plus les Rouge et Bleu la saison prochaine. Après de longues négociations sur les modalités de départ, le Français s’en va. L’occasion de dresser un bilan de sa seule et unique saison à la tête du PSG.

C’est officiel depuis maintenant deux jours, Christophe Galtier ne sera pas l’entraîneur du Paris Saint Germain la saison prochaine. « À l’heure où vient de se tourner, et de s’ouvrir, une nouvelle page pour le PSG, je voulais dire « merci » à l’issue de cette saison si intense » explique le désormais ancien entraîneur du club de la capitale. Après avoir passé un an dans la ville lumière et cinquante matchs tout rond sur le banc du club parisien, « Galette » s’en va, récupérant une belle indemnité de 9 à 10 millions d’euros pour lui et son adjoint Thierry Oleksiak et laissant derrière lui une certaine amertume dans l’âme des supporters parisiens. La saison 2022/23 aura été un chemin tortueux pour les Rouge & Bleu, et avec Christophe Galtier à la tête de l’équipe, les embuches auront été nombreuses. Mais peut-on dire que le PSG de l’entraîneur marseillais est le pire de l’ère QSI ?

Cette saison, l’ancien stéphanois comptabilise un total de 50 matchs pour un bilan de 36 victoires, 4 matchs nuls et 10 défaites (68% de victoires). Chacune en 2023, soit après la Coupe du Monde ! Ce n’est pas nécessairement pire que d’autres coachs parisiens, comme par exemple Mauricio Pochettino (69% de victoires, Carlo Ancelotti (63% de victoires) ou encore Antoine Kombouaré (63% de victoires). Mais entre des matchs sans propositions claires en championnat, une double confrontation européenne dans laquelle Paris n’a pas existé face au Bayern Munich, une élimination en huitième de finale de Coupe de France contre l’historique rival marseillais, Christophe Galtier a réalisé une deuxième moitié de saison jugée catastrophique. À tel point que le onzième titre, si historique soit-il, ne soulage en rien la masse des supporters du Paris Saint Germain.

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Un jeu inexistant

On ne se le cache pas, le jeu proposé par Paris cette saison est loin d’avoir été convenable. « Lens aurait fait un plus beau champion » comme dirait un certain Habib Beye. Loin d’être faux, ce commentaire reste tout de même peu pertinent quand on sait que malgré les débâcles tactiques, le PSG finit champion de France. Mais il faut souligner que le club parisien le fait, avec un petit point d’avance sur son dauphin, un seul ! Avec des si, on referait le monde, mais si Léo Messi n’avait pas délivré le Parc avec son coup franc face à Lille (le 19 février 2023, 24ème journée) à la 95ème minute, si Mbappé ne marquait pas le but du 2-1 face à Brest (le 11 mars 2023, 27ème journée) à la 90ème minutes, si la frappe de Dimitri Liénard était rentrée à la 88ème minute lors du match contre Strasbourg (le 27 mai 2023, 37ème journée). Paris est très largement passé à côté de la plupart de ses matchs. Quelques matchs notables sont à retenir, mais trop peu pour dire que le PSG a réalisé une saison à la hauteur de sa stature en championnat.

Pour ce qui est des autres compétitions, les parcours sont bien trop courts pour pouvoir argumenter sur le sujet. Se faire éliminer de la Coupe de France par l’Olympique de Marseille, en huitième de finale et donc laisser le rival briser un record d’invincibilité au Vélodrome vieux de 12 ans… on en perd ses mots. En Ligue des Champions, cette saison, Paris n’aura pas offert aux amateurs un spectacle digne des plus grands films hollywoodiens, mais un scénario plus adapté à une série Z. Le PSG n’a pas existé face au Bayern Munich, perdant la double confrontation 3-0. Et pourquoi Paris ont affronté les Bavarois ? Parce que les hommes de Galtier n’ont pas su prendre la première place en phase de groupe, ne connaissant pas la règle en cas d’égalité de points. L’entraineur parisien a dû – certes – composer malgré les blessures, notamment en titularisant Warren Zaïre-Emery au poste de milieu de terrain droit lors du match aller. Mais le titi a été celui qui a le plus montré dans cette rencontre, avec le latéral Nuno Mendes, deux jeunes. Les cadres, joueurs d’expériences, ont su révéler que Galtier n’avait pas de plan précis, et que l’homme n’était pas taillé pour aller loin en Europe.

c'est quoi la règle
image : rmcsport.bfmtv.com

Une gestion des jeunes douteuse

Concernant les jeunes, le constat au PSG de ces dernières années semble inlassablement se répéter : Les titis formés au club partent en Europe, performent et font du mal ensuite aux Rouge & Bleu. L’exemple le plus pertinent est celui de Kingsley Coman (buteur en finale de LDC en 2020, et buteur au Parc des Princes au match aller cette saison), mais aussi celui de Christopher Nkunku en phase de groupes la saisons dernière. Cette saison Christophe Galtier à dû faire appel aux jeunes dans l’effectif, du fait des blessures et de la faible profondeur de banc. Au total, 8 titis ont été appelés en équipe première cette saison, mais leur pourcentage de temps de jeu en fonction du nombres de matchs joués par Paris en Ligue 1 cette saison est affolant. 50 rencontres au total, et un bilan de 5,5 % de minutes jouées par les titis. (Calcul fait à partir des minutes jouées par les titis par rapport au nombre total de minutes jouées par Paris) :

Warren Zaïre Emery (milieu de terrain) : 1130 minutes en 31 matchs, 25 % de minutes jouées.
El Chadaille Bitshiabu (défenseur) : 716 minutes en 16 matchs, 15 % de minutes jouées.
Ismaël Gharbi (milieu de terrain) : 147 minutes en 8 matchs, 3% de minutes jouées
Ilyes Housni (attaquant) : 14 minutes en 2 matchs, moins d’1% de minutes jouées
Sérif Nhaga (latéral gauche) : pas de temps de jeu.
Lucas Lavalée (gardien) : pas de temps de jeu.
Hugo Lamy (défenseur): pas de temps de jeu.
Nehemiah Fernandez-Véliz (défenseur) : pas de temps de jeu.

Comparé aux autres saisons, le temps de jeu des titis a été très faible, malgré un panel de joueurs conséquent. Christophe Galtier a aussi constamment tenu un double discours concernant ses pépites. Lui qui voulait les mettre en avant, le coach parisien ne les a pas fait jouer dans des moments opportuns. D’autant que ses relations avec le centre de formation étaient inexistantes. C’est en tout cas ce que déplore Zoumana Camara, entraîneur des U19 au micro de France Bleu Paris: « Galtier, il y a eu zéro rapport. Jamais je n’ai jamais discuté avec lui. On ne s’est jamais eus« .

Lorsque les professionnels étaient moins performants, l’ancien entraîneur parisien ne lançaient pas les jeunes. Mais lorsqu’il fallait leur jeter la pierre, les titis étaient en revanche en première ligne. À l’image d’El Chadaille Bitshiabu contre le Bayern Munich (0-2), ou de Warren Zaïre-Emery contre Reims (1-1) . Les jeunes ont bons dos, et quand il s’agit de leur donner l’opportunité de briller avec leurs semblables dans le championnat U19, Galtier mène là aussi un double discours. En conférence de presse d’avant match pour la réception de Clermont lors de la dernière journée, le coach avait promis de laisser WZE et Bitshiabu souffler pour pouvoir jouer la finale du championnat U19 contre Nantes. Finalement, les deux auront joué l’intégralité du match contre Clermont, et n’auront pas aidé leurs coéquipiers le lendemain lors de la défaite face aux Canaris (1-2).

Bilan d’une saison interminable

Bilan négligeable pour Galette sur la question des titis du club, bilan aussi négatif sur les polémiques. La saison 2022/2023 aura été celle des affaires extra-sportives au PSG. Et Galtier aura été au cœur de la plupart d’entre elles. Le char à voile, le penalty gate entre Mbappé et Neymar, l’affaire du pivot gang impliquant le rôle que le coach donne au meilleur buteur de l’histoire du PSG dans l’équipe. Mais surtout « l’affaire«  avec l’OGC Nice et les allégations de racisme à son encontre. Sportivement, comme extra sportivement, la saison de Christophe Galtier au Paris Saint Germain a été laborieuse. Peut-on alors retenir du positif de cette saison sous les ordres du champion de France 2020 avec le LOSC ?

Un 11ème titre historique ? Un début de saison plus qu’intéressant ? Enfin un coach français au PSG ? Des détails futiles quand on s’appelle le Paris Saint Germain. Quand on parle du onzième titre, qui amène Paris à être le club le plus titré en championnat devant l’AS Saint-Etienne, une image marquante revient en tête. Christophe Galtier a été le premier, avant Messi, avant Neymar, à rentrer au vestiaire, ratant la photo officielle du groupe. Une image qui correspond un peu à sa saison avec Paris : malgré des résultats, Galtier n’est pas à l’image du PSG, il n’est pas l’homme de la situation.

Twitter : @PVSportFR

Sifflé, conspué, mis dehors, Christophe Galtier n’est donc plus le coach du club parisien. Pour son futur, difficile de le voir revenir en Ligue 1 Uber Eats dans un projet ambitieux, Jérôme Rothen ne le voit pas aller dans des clubs comme l’OM, l’OL ou encore Monaco, sa saison au PSG l’a « grillé » en France et il doit donc rebondir à l’étranger. Il a été devancé par Rudi Garcia dans la course au banc du Napoli SSC et par Marcelino dans un autre sprint pour coacher l’Olympique de Marseille. Pour l’heure, peu d’options s’ouvrent à lui, si ce n’est cette rumeur d’intérêt du club saoudien d’Al-Shabab, une destination où l’entraineur français pourrait souffler, loin des vagues médiatiques européennes. Peut-être prendra t-il une année sabbatique pour se remettre de cette saison oppressante ? Mais pas si sûr que l’entraineur puisse retrouver un club après le Paris Saint-Germain, lui qui est déféré au tribunal correctionnel le 15 décembre prochain, dans le cadre de l’enquête pour discrimination raciale et religieuse où Galtier est inculpé. Une chose est sure, c’est que la dure réalité d’être à la tête du Paris Saint-Germain aura été une tâche bien fatigante pour le Marseillais.

Il est fatigué, vraiment […] Regardez son visage lors de son arrivée et regardez son visage maintenant… La saison a été éreintante pour lui.« 

Membre de l’entourage de christophe galtier, propos relayés par Le Parisien

L’avenir du Français est bien flou à l’heure de son départ. L’ascension aura été fulgurante depuis ses premiers pas en tant que coach principal à Saint-Etienne, la chute aura été brutale. Il n’était juste pas taillé à entraîner un club de l’envergure du PSG. Bon vent coach !

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