Édito – À dix jours de l’Atalanta, comment juger l’état de forme du Paris Saint-Germain ?

EDITO DE MICKAËL RUFET – Enfin, après des mois d’attente presque intenable, le Paris Saint-Germain a fait son grand retour sur les terrains de football. Un retour à la compétition salvateur pour les supporters franciliens, mais un retour qui pose également énormément de questions. À l’aube d’un mois d’août qui se montre particulièrement excitant, le PSG a-t-il réellement toutes les cartes en mains afin de sortir son épingle du jeu alors qu’il semble pêcher physiquement ? Retour sur les dernières semaines du club parisien avec, comme point d’orgue, les deux finales de coupe glanées dans la douleur et, en ligne de mire, la confrontation contre l’imprévisible Atalanta. Un quart de finale de Ligue des Champions, en « one shot », qui sera abordé par Paris avec seulement deux petits matches officiels dans les jambes en quatre mois… Il est toujours bon de contextualiser les choses.

Après plusieurs échecs, le Paris Saint-Germain est parvenu à se qualifier pour les quarts de finale de la Ligue des Champions le 11 mars dernier dans un Parc des Princes à huis clos. Une double confrontation face au Borussia Dortmund particulièrement évocatrice d’un point de vue mental : défaits au match aller suite à une prestation insipide (1-2), les Parisiens ont su renverser la tendance en s’imposant à domicile au terme d’une partie pleine d’abnégation et de hargne (2-0). Symbole de toute cette frustration accumulée, les effusions de joie faisant suite au coup de sifflet final avec les supporters venus en nombre aux abords de l’enceinte de la porte de Saint-Cloud. Coup impétueux du sort ou non, quelques jours plus tard, le football s’arrêtait pour une durée indéterminée. Après la « remontada » en 2017 et l’ubuesque match retour contre Manchester United en 2019, il fallait bien une pandémie mondiale pour parachever le subtil tableau du club de la capitale en Ligue des Champions.

La suite, on la connait : la planète entière a été plongée dans le marasme du Coronavirus. On a finalement pu revoir le PSG sur le pré le 12 juillet, près de quatre mois plus tard, en amical. Une réelle traversée du désert qui a forcément eu des conséquences notables sur l’état de forme des Rouge et Bleu. Car oui, même si Neymar et ses coéquipiers ont suivi un programme individuel spécifique durant le confinement, rien ne remplace le terrain et la vraie compétition. Quatre mois d’inactivité, c’est un énorme gouffre qu’il est impossible à combler en l’espace d’un petit mois de reprise. Tant sur le plan technique, collectif que physique. Alors que dans tous les autres grands championnats européens les matches officiels ont pu reprendre sans grande difficulté, l’État français, pour sa part, a décidé, dès le mois de mai, que cela serait infaisable au sein de l’Hexagone. Un état de fait qui peut clairement surprendre, surtout quand les rencontres amicales, avec une jauge de supporters, sont autorisées en juillet en parallèle. Bref, un joli imbroglio qui doit également beaucoup à l’incroyable faculté du football français à ne jamais se décider à tirer dans le même sens. Cela a donc obligé Paris à organiser quatre amicaux, les deux finales de coupe nationale étant programmées à la fin de ce dit mois de juillet.

Le Paris Saint-Germain a ainsi déjà disputé la bagatelle de trois rencontres amicales : face au Havre de Paul Le Guen (0-9), face à Waasland-Beveren (7-0) et face au Celtic (4-0), un quatrième et dernier match amical étant programmé le mercredi 5 août face à Sochaux au Parc des Princes. C’est-à-dire une semaine avant la confrontation capitale contre les Bergamasques. Et au milieu de tout cela, deux finales : une de Coupe de France contre Saint-Etienne, et une de Coupe de la Ligue contre l’Olympique Lyonnais. Deux finales remportées dans une extrême difficulté. Face à ce constat, il est difficile de ne pas s’interroger sur le contenu proposé par les hommes de Thomas Tuchel lors de ces rendez-vous : on a tendance à dire qu’une finale, « ça ne se joue pas, ça se gagne« , une maxime qui est parfaitement adaptée à la situation. Car oui, les Parisiens, comme leurs adversaires, n’ont absolument pas joué au ballon. Les Stéphanois en mode déménageurs, qui ont commis attentats sur attentats – la cheville de Kylian Mbappé s’en souviendra – ont très vite calmé le peu d’ardeur des joueurs franciliens. L’OL, plutôt bien en place, a bien verrouillé les trop rares assauts rouge et bleu. Résultat, un 1-0, à 11 contre 10, anesthésiant au possible, et un 0-0 dont le point culminant fut la séance de tirs au but.

Mais, au final, cet état de fait est-il si étonnant que cela ? Il ne faut pas se voiler la face, au même titre que la Ligue des Champions qui se dévoilera dans un schéma très particulier, ces deux finales possédaient un goût très singulier. Cette absence de compétition, la période estivale, les matches amicaux et l’état physique des joueurs qui ne sont pas parvenus à répéter des courses à haute intensité… Tout cela rappelle fortement une pré-saison suivie d’un début d’exercice. Ajoutez à cela le fait que la Ligue des Champions accapare, bien entendu, l’esprit de chacun, et vous comprendrez que le niveau affiché était très facilement envisageable. Reprendre directement la compétition officielle lors de deux finales, à dix jours d’un Final 8 en C1, sans aucun jus dans les jambes, seul l’enchaînement des matches pouvant le permettre, fait qu’on a eu le droit à deux prestations sans saveur. Cela n’a pu échapper à personne : contre l’Olympique Lyonnais, on a clairement eu l’impression que dans la touffeur dyonisienne certains Parisiens était cuits-bouillis à la demi-heure de jeu. Et comment pourrait-il en être autrement ?  

Si certains ont légitimement le droit de se montrer interloqué par le niveau collectif de cette équipe parisienne, car on peine toujours à percevoir réellement la patte Tuchel sur son effectif après deux ans, le contexte actuel fait qu’il serait assez malhonnête de tomber sur le PSG après cette fin de mois de juillet. Le mieux, pour le moment, est de patienter à l’approche du Final 8. On sait, de plus, qu’ils savent réellement hausser leur niveau au moment opportun, le match contre le Borussia Dortmund peut en témoigner. Surtout qu’en face de Paris se présentera, le 12 août prochain, l’Atalanta. Le but n’est nullement de sous-estimer les Bergamasques, mais force est de constater que l’écurie italienne possède un profil qui plaît plutôt bien à Paris : une équipe résolument tournée vers l’offensive qui aime jouer le déséquilibre. Défaits lors de leur dernier match de championnat par l’Inter (0-2), les hommes de Gian Piero Gasperini auront donc terminé l’exercice 2019-2020 à la troisième place, une véritable prouesse. Meilleure attaque, avec 98 réalisations, ils possèdent également une défense assez friable, avec 48 buts encaissés. Fait notable de leur incroyable saison, l’Atalanta est la première équipe à être parvenu à se qualifier pour les 8e de finale de la LDC après trois défaites lors des trois premières journées de la phase de poule, ils possédaient un petit point après quatre journées.

Luis Muriel et ses coéquipiers, s’ils possédaient un jeu extrêmement impressionnant en termes d’intensité, de transition et de projection, connaissent, depuis plusieurs parties, un coup de mou. Même s’ils ont assuré l’essentiel dans l’ensemble avec cette 3e place glané et un compteur de 78 points, on les a tout de même vu bien moins flamboyants. Cet état de fait est parfaitement mis en exergue par le dernier match de championnat face à l’Inter : les Bergamasques ont proposé une copie extrêmement terne. Autre indice sur cette baisse de régime, les blessés qui ont, comme pour le PSG, eu tendance à s’enchaîner : Josip Ilicic, qui devrait être absent le 12 août prochain pour des raisons personnelles, leur portier Gollini, ou leur défenseur Palomino. La rencontre face au club parisien se déroulant dans dix jours, ils auront le temps de recharger les batteries avec, en plus, une vraie accumulation de match dans les jambes, ce dont le club rouge et bleu ne peut pas vraiment se targuer.

En effet, difficile d’imaginer, au vu de ce qu’ils ont pu nous montrer face à l’ASSE et l’OL, un Paris Saint-Germain rivaliser sur le plan de l’intensité. À ce niveau, l’Atalanta possédera un énorme avantage avec pas moins de 13 matches de série A dans les jambes depuis la reprise post Coronavirus. Même si cela ne signifie pas forcément qu’ils seront réellement à un niveau Ligue des Champions le 12 venu, loin s’en faut, cela reste un vrai plus. Dans les avantages côté PSG, outre les forces en présence, ce qui reste un facteur non négligeable, il ne faut pas non plus occulter le fait que la Dea reste très inexpérimentée au sein de la compétition continentale. C’est en effet leur toute première participation et les joueurs qui composent l’écurie transalpine sont, eux aussi, loin d’être de ceux ayant côtoyé le haut niveau de manière constante dans leur carrière.

N.B : Merci d’avoir lu ce papier jusqu’au bout. J’ai tenté de faire un panorama des dernières semaines, qui ont été très spéciales. Juste avant la confrontation contre l’Atalanta, je publierai un autre papier, bien plus poussé celui-ci, sur les clés tactiques du match. À tout de suite dans les commentaires 😉

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