Billet CS – Le PSG, une équipe aux symptômes post-traumatiques ?

Depuis l’arrivée de QSI à la tête du Paris Saint-Germain, les Parisiens rêvent plus grand. Président du PSG depuis 2011, c’est le 30 juin de cette année-là que Nasser Al-Khelaïfi, nouveau président du club, donna sa première interview à un média français, dans les colonnes de L’Equipe : « Nous sommes remplis d’espoirs, on veut amener le PSG très haut… Nous avons défini une première stratégie pour les cinq prochaines années : notre objectif est de participer à chaque Ligue des champions dès 2012. Ensuite, à partir de 2015, on aspire à jouer un rôle majeur dans cette compétition… On est au PSG d’aujourd’hui jusqu’à toujours ! Il n’y a pas d’échéance fixée pour la revente du club, mais c’est un engagement sur le long terme… ». Si la régularité en terme de participation à la coupe la plus prestigieuse en club est obtenue, le « rôle majeur« , lui, n’est pas encore acquis. Malgré une finale en 2020 et une demi-finale en 2021, le bilan du Paris Saint-Germain en Ligue des Champions, à ce jour, reste mitigé, et marqué par des soirées européennes tristement célèbres et historiques.

Ces soirées là …

La première et la plus connue de toutes : la Remontada. C’est en 2017 que les Rouge & Bleu ont sombré (6-1) au Camp Nou face au FC Barcelone. Cette soirée, grâce au PSG (ou à cause), a démocratisé l’utilisation de la traduction de « remontée » en espagnol dans le paysage du football français. Après s’être imposé 4-0 au match aller, l’élimination est actée par cette humiliation le 8 mars 2017. Deux ans plus tard, les Parisiens sombrent cette fois-ci à domicile. Victorieux 0-2 à Old Trafford, les hommes de Thomas Tuchel s’inclinent 3-1 au Parc des Princes face à un Manchester United remanié, et sortent encore une fois en huitième de finale le 6 mars 2019. Une troisième et plus récente humiliation : 9 mars 2022. Le PSG s’impose et domine aisément les hommes de Carlo Ancelotti au match aller (victoire 1-0), avant de sombrer en deuxième période du match retour au Santiago Bernabeu (défaite 3-1) face au Real Madrid, et finissent de nouveau, éliminé de la Ligue des Champions avant le printemps.

Un syndrome post-traumatique ?

Stress post-traumatique : Les troubles du stress post-traumatique (TSPT) sont des troubles psychiatriques qui surviennent après un événement traumatisant. Ils se traduisent par une souffrance morale et des complications physiques qui altèrent profondément la vie personnelle, sociale et professionnelle.

Nombreux sont les joueurs, consultants, ou observateurs qui s’essayent à des explications. Dans l’émission L’Equipe du Soir du 6 avril 2022, c’est le journaliste Didier Roustan qui y va de son argumentaire en développant sur le syndrome post-traumatique depuis la défaite 6-1 face au FC Barcelone : « Tant que ça va bien, le PSG déroule et joue sur sa valeur, le 4-1 à Barcelone, ça rigole, la victoire au Bayern etc. Depuis le 6-1 ce sont des joueurs vulnérables par rapport à certaines choses, et il y a bon nombre de joueurs qui sont encore là. » Dans l’effectif actuel, Kurzawa, Kimpembe, Verratti et Marquinhos étaient déjà présent le 8 mars 2017.

Cette question mentale revient souvent sur la table quand il est l’heure d’analyser une défaite du Paris Saint-Germain sur la scène européenne. Et malheureusement, beaucoup d’eau coule dans le moulin du syndrome post-traumatique. On observe souvent des comportements qui sortent du commun chez les joueurs du PSG, quand le destin d’une (double) confrontation ne va pas dans leur sens. Connu pour être juste dans ses analyses, l’international français (94 sélections) Karim Benzema ne me contredira pas : « Quand tu les presses, que tu leur mets de la densité, que tu ne les laisses pas sortir, c’est bon […]. Donc le secret contre le PSG, c’est de les presser. Les matches qu’ils ont perdus en Ligue 1, ce sont ceux où ils se sont fait presser dans tous les sens. Et puis quand on a marqué, ils se sont dit qu’ils avaient perdu le match, alors qu’il n’y avait que 1-1… Ça leur arrive souvent ça, ils lâchent mentalement« , a-t-il déclaré dans les colonnes de L’Equipe, en faisant notamment référence à la rencontre du 9 mars dernier. Toujours dans l’analyse de cette défaite (3-1) et élimination en Ligue des Champions de cette saison, le quotidien sportif français a également recueilli les propos de l’ancien coach du PSG, Unaï Emery : « Un jour, Guardiola m’a dit que des équipes comme le Barça ou le Real, parce qu’elles ont déjà gagné l’épreuve, réagissent mieux aux situations difficiles. La clé, c’est la gestion de la frustration. Quand le Barça (lors de la remontada) a marqué quatre buts, puis cinq et que l’arbitre a fait des erreurs, on ne savait plus quoi faire. Contre le Real (en huitièmes de finale retour cette saison, 1-3, 1-0 à l’aller), c’était pareil. Quand Benzema a égalisé puis marqué le deuxième but, j’ai vu des joueurs que je connais bien comme Kimpembe ou Marquinhos : ils ne savaient pas comment réagir parce qu’ils avaient été envahis par la frustration« , a déclaré celui qui était sur le banc du PSG lors du naufrage au Camp Nou le 8 mars 2017.

Après la finale de 2020 et la demi-finale de 2021, on aurait pu imaginer que le PSG s’était débarrassé de ses démons, que nenni ! Nous voilà encore, en 2022, à nous interroger sur la (ou les) raison des échecs continentaux. On peut débattre également sur la qualité des différents effectifs qu’a connu le PSG lors de ces échecs, mais globalement, les moyens humains et financiers devraient permettre au club de la capitale de connaître des soirées européennes plus agréables, en tout cas, éviter de telles humiliations. Faudrait-il qu’au club quelqu’un se penche de manière plus sérieuse sur l’aspect mental ? Nul doute que des failles existent à ce niveau, la question est : comment les combler ?

Souvent mis en adversité face au FC Barcelone par le sportif ou différents transferts … l’idée de créer un parallèle entre le PSG et le club catalan me semble intéressante. Ce dernier a également connu des traumatisme en 2018 (face à la Roma) et en 2019 (face à Liverpool). Aujourd’hui en reconstruction et donc pas dans les mêmes eaux que le Paris Saint-Germain, le FC Barcelone ne se voit malgré cela, pas coller d’étiquette de « traumatisé ». Par cette lecture, beaucoup émettent l’idée qu’il faudrait se débarrasser de joueurs ayant connu des traumatismes au PSG. Le ménage comme solution ? Il existe pourtant bon nombre d’exemples d’éléments ayant connu des déconvenues sous les couleurs parisiennes et qui connaissent le succès sous d’autres cieux (Thiago Silva, Tuchel, Emery, Nkunku …). Le problème pourrait ne pas être ancré chez les personnes physiques qui composent le PSG, mais en la personne morale qu’est le Paris Saint-Germain. Il est important de raisonner avec nuance, et ne pas fermer les yeux sur un travail mental à effectuer tout de même. Mais le plus important est de savoir que le traumatisme ne vient pas inéluctablement des défaites en elles-mêmes, et faire en sorte que ce syndrome ne fasse pas (ou plus) partie de l’identité du club et de l’équipe.

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