L’UNFP soutient le choix de Rabiot

Adrien Rabiot veut quitter libre le PSG en fin de saison, pour signer potentiellement au FC Barcelone. Le club francilien n’entend plus le faire jouer dans ces conditions puisque le préjudice est important. L’Union Nationale des Footballeurs Professionnels défend le joueur contre le club, officiellement. Et sans surprise. Dans son rôle de syndicat, il accuse le PSG de « faute grave » et en appelle à une intervention du ministère des Sports et de la LFP.

Le communiqué de l’UNFP

Commençons par planter le décor…

  • Un joueur qui ne souhaite pas aller au bout de son contrat et ose le dire tout haut ne « respecte ni son club, ni les supporters, alors que le club a tout fait pour lui »…
  • Un joueur qui souhaite aller au bout de son contrat et ose le dire tout haut « ne respecte ni son club, ni les supporters, alors que le club a tout fait pour lui »…
  • Un club qui ne respecte pas le contrat de son joueur et le « place sur la liste des transferts » agit de « son bon droit » et se cache derrière le fameux « il n’entre plus dans les plans de l’entraîneur ».

Voilà qui est fait.

Mais il ne faudrait pas croire que la mode – car c’est bien devenu une mode dans le football français – ne s’attaque qu’à quelques « grands » joueurs, puisque dès le centre de formation, les candidats footballeurs professionnels y sont confrontés comme le soulignait déjà, l’été dernier, Philippe Piat : « Beaucoup de parents nous contactent et sont inquiets. Ils sont menacés pour les obliger à accepter, au nom de leurs enfants mineurs, les propositions du club dans lequel ils évoluent. C’est : ‘‘Soit il signe un nouveau contrat aux conditions qu’on lui propose, soit il ne joue plus et il ne sera jamais footballeur professionnel’’… C’est inadmissible, ce sont des pratiques d’un autre temps, des pratiques malheureusement courantes de nos jours !»

C’est exactement, aujourd’hui, ce qui se passe avec Adrien Rabiot, livré à la vindicte médiatique et populaire par un club où il termine sa dixième saison et pour lequel il a successivement été aspirant en 2010, apprenti en 2011 et professionnel depuis le 5 juillet 2012, date de la signature de son premier contrat pro, renouvelé avant son terme en 2014 et pour quatre ans fermes soit jusqu’au 30 juin 2019.

Adrien Rabiot n’est donc ni un cas à part, ni un cas isolé, mais simplement, compte tenu de son statut et des évènements de l’été dernier, la partie émergée d’un des nombreux dysfonctionnements du football professionnel en France, que l’UNFP dénonce sans relâche depuis… sa création. Serions-nous revenus en 1961 ?

Bien sûr l’économie du football n’est plus la même, bien sûr les salaires sont sans commune mesure avec ceux de l’époque, mais l’objectif des clubs restent le même pour un certain nombre de joueurs à fort potentiel : il ne faut en aucun cas qu’ils puissent être libres afin de pouvoir leur imposer les conditions voulues par le seul club ou afin de pouvoir négocier leur transfert en gonflant leur valeur marchande au regard des années de contrat qu’il leur reste à honorer.

C’est la négation du contrat à temps, obtenu en France en 1969, puisqu’une seule des parties s’arroge le droit d’imposer à l’autre le terme de la relation contractuelle entre l’employeur et l’employé, que ce soit lorsque l’on ne veut plus du joueur dans l’effectif ou parce que l’on a décidé d’en retirer le meilleur prix.

A quoi sert-il donc de prévoir une fin de contrat si, comme dans le cas de Rabiot ou du jeune Jean-Clair Todibo à Toulouse pour rester dans l’actualité, on décide de ne pas la respecter ? Pourquoi avoir fait grand bruit de la loi Braillard, qui entend « sécuriser la situation juridique et sociale du sportif », alors que les clubs n’en respectent ni l’esprit ni la lettre ?

Le comportement contractuel et social d’Adrien Rabiot vis à vis du Paris SG est exemplaire, lui qui dès 2009 avait signé un accord de non-sollicitation (ANS) avec le club parisien, c’est-à-dire qu’il ne pouvait plus s’engager pour un autre club.

Deux ans en formation et huit ans en tant que professionnel. Il a donc bien rendu à son club formateur ? C’est plus de la moitié de sa carrière ? Faut-il plus encore ?

L’UNFP ne saurait trop conseiller au Paris SG de s’interroger sur la nature même et sur l’objet du contrat qui court jusqu’en juin prochain : s’il a été signé, ce n’est pas pour que le joueur s’entraîne, mais bien pour qu’il participe à la compétition. C’est cela l’activité d’un footballeur professionnel et c’est pourquoi il est embauché. Adrien Rabiot n’a-t-il pas d’ailleurs été l’un des joueurs de l’effectif parisien le plus utilisé jusqu’à la mi-octobre ?

En déclarant à tue-tête que le joueur restera sur le banc jusqu’à la fin de la saison, le Paris SG, comme d’autres avant lui, se met à la faute – faute grave ! – car l’une des obligations qui incombe à un employeur est de fournir un travail à son salarié ainsi que les moyens de le réaliser.

Dans le cas d’un footballeur professionnel comme Adrien Rabiot, les moyens, ce sont les entraînements, le travail, c’est la compétition, la seule et unique unité de mesure du contrat de travail entre un club et un sportif professionnel…

C’est pourquoi l’UNFP – qui a toujours milité pour la stabilité des contrats dans le respect des engagements mutuels – soutient Adrien Rabiot et l’encourage, pour tous les footballeurs qui évoluent en France, à aller jusqu’au bout de son engagement au 30 juin 2019, qu’il puisse être maître de sa carrière, qu’il puisse décider, comme n’importe quel autre salarié français, de son avenir professionnel.

« Faut-il rappeler à certains, s’interrogent Philippe Piat et Sylvain Kastendeuch, coprésidents de notre syndicat, qu’en France, la liberté du travail est un principe constitutionnel établi depuis 1791, qui pose le principe fondamental de la liberté du travail… au sens de l’exercice d’un métier de son choix… dans l’entreprise de son choix ? Si le salarié a des devoirs, il a aussi des droits que personne ne saurait bafouer impunément !»

C’est pourquoi l’UNFP en appelle au ministère des Sports et à la LFP – à ses commissions – pour que les règles sportives et sociales soient respectées, plus généralement pour que le droit s’applique.

A défaut, il faut que des sanctions soient prononcées par les instances et qu’elles soient désormais suivies d’effet, alors que bon nombre de décisions prises, ces derniers temps, par la Commission juridique de la LFP par exemple, ne sont pas respectées, notamment celles qui concernent l’application des contrats de travail des joueurs, dont les mises à l’écart se multiplient dans l’indifférence générale, si ce n’est celle, évidemment, de l’UNFP, quand ce ne sont pas leurs ruptures unilatérales.

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