[Focus n°10] Jérôme Alonzo, une histoire de famille

Certaines personnes détonnent dans le monde du football de par leur état d’esprit, leur façon de voir les choses. S’il ne faut juger que les actes, on ne garderait d’eux que le positif. C’est le cas de Jérôme Alonzo. Né le 20 novembre 1970 à Menton, célèbre station touristique de la Côte d’Azur. S’il naît et grandi loin de Paris, son père est pourtant quelqu’un de connu dans les couloirs du PSG puisque Pierre Alonzo a été plusieurs fois entraîneur du PSG sur de courtes durées. Tantôt entraîneur des jeunes, tantôt adjoint, parfois même entraîneur principal de l’équipe première par intérim, une fois en duo avec Ilja Pantelic, une fois avec Camille Choquier et une fois tout seul. Petit, Jérôme était même l’une des mascottes du PSG, entrant sur la pelouse du Parc des Princes le poing levé pour apporter le ballon au joueur. Mais un jour, un pétard explosa non loin de son visage et le jeune garçon décida d’arrêter. Fini le spectacle, il est temps de se mettre à jouer. C’est donc pour faire comme papa que Jérôme se met au football. Si le père est milieu défensif, le fils se voit plutôt comme un gardien. Déjà avant le foot, le jeune garçon apprécie ce poste puisqu’il a découvert la pratique sportive en étant gardien de hand. Un style qui d’ailleurs ne le quittera jamais vraiment. Et si ses entraîneurs en poussin le mette attaquant, même si son père lui dit qu’il a le sens du but, Jérôme lui veut jouer au goal. Le côté atypique du poste lui plaît. Jérôme Alonzo profite donc de la venue de son père au sein de l’encadrement de l’OGC Nice pour intégrer le centre de formation niçois. Dès ses 18 ans, le gardien intègre l’effectif professionnel, y reste 5 ans (1990-1995) mais ne participe qu’à huit matches dont six en 1993-1994 et un match de D1 la saison suivante. Ses six matches l’année précédente lui permettent de devenir Champion de France de D2 en 1994. Peu de matches donc, mais la raison est simple. Devant lui est titulaire un jeune gardien qu’il côtoiera très longtemps et qui deviendra son ami : Lionel Letizi. Les deux s’apprécient tellement qu’Alonzo dira un jour que Lionel Letizi était le seul gardien dont il acceptait d’être la doublure. Une relation amicale très forte et qui aura des effets bénéfiques au PSG, mais ce n’est pas encore le sujet, nous y reviendrons plus tard. Barré, nécessitant du temps de jeu pour progresser, Jérôme Alonzo file finalement à l’OM, alors en Ligue 2 et handicapé par le départ à l’AS Monaco de Fabien Barthez.

La première saison chez les Phocéens est très bonne pour Jérôme Alonzo. En l’espace d’un an, il participe à 57 rencontres de D2 et est l’un des grands artisans de la remontée de l’OM en Division 1. Malheureusement pour le gardien, une fois en première division, l’OM veut frapper fort et engage Andreas Köpke, tout juste Champion d’Europe avec l’Allemagne. Alonzo végète donc sur le banc et ne participe qu’à quatre rencontres malgré l’excellente relation qu’il entretenait avec l’Allemand. Il décide donc de reculer pour mieux sauter et s’engage à Saint-Etienne, en Division 2.

Titulaire dès son arrivée chez les Verts, Jérôme Alonzo confirme son potentiel mais ne peut empêcher la très mauvaise saison stéphanoise puisque l’ASSE termine 17ème sur 22 participants, à deux points du premier relégable le CS Louhans-Cuiseaux 71. Le style Alonzo fait déjà parler, efficace mais loin d’être académique. Et surtout, il embrasse son poteau gauche à chaque début de match, à chaque fois. Il tient ça de Fabien Piveteau, alors gardien niçois. Alonzo se cherche un signe distinctif et fait donc ce geste depuis sa formation. La saison suivante sera bien mieux pour l’équipe. Lors de l’été 1998, l’équipe est remaniée, du terrain aux coulisses. L’emblématique Robert Herbin quitte son poste de directeur sportif, tout comme l’entraîneur Pierre Repellini. Robert Nouzaret prend en main l’équipe et les Verts réalisent une saison exemplaire, finissant Champions de D2 en 1999. Malheureusement pour Jérôme Alonzo, une grave blessure l’éloigne des terrains durant sept mois. Face au Red Star, au Stade de France, le gardien se fracture le tibia, la malléole et le péroné. Un bien mauvais début de rencontre entre ce stade et le portier, mais ce ne sera que partie remise. C’est donc en D1 que Jérôme fait son retour et se fait remarquer. Son style peu académique mais diablement efficace fait parler. Mais pas assez pour John Toshack, éphémère nouveau coach stéphanois qui lui préfère l’Ukrainien Maksym Levytskyy. Même la découverte du faux passeport grec de ce dernier, qui sera licencié, n’y changera rien puisque le tout jeune Jérémie Janot va peu à peu s’imposer. L’ASSE fera l’ascenseur, descendra en Division 2 et Jérôme Alonzo quittera le Forez afin de rester au plus haut niveau. Voici les premiers mots de son chapitre au PSG.

Jérôme Alonzo fera le chassé-croisé avec Dominique Casagrande qui rejoindra l’ASSE. Le nouveau gardien parisien débarque donc au PSG, que son papa connaît bien. Luis Fernandez est à la tête de l’équipe première et a eu en tant qu’adjoint le père de Jérôme de 1994 à 2001. Jérôme ne vient pas seul mais avec ses coéquipiers stéphanois Lionel Potillon, Alex et Aloisio. Mais surtout il retrouve là-bas il retrouve son ami Lionel Letizi, à Paris depuis un an. Leur relation très amicale apportera longtemps ses fruits et profitera autant aux deux hommes qu’au club. Complémentaires de par leur style et leur attitude totalement différents, le duo fonctionne très bien. Aucune concurrence malsaine, aucune jalousie ne viendra ternir de l’intérieur cette équipe parisienne et les deux portiers se succèdent dans les cages sans coup-bas, en fonction des méformes sportive et physique des deux portiers. Alonzo joue toutefois peu, étant titularisé pour la première fois en octobre 2001 face à Sedan. Mais, en janvier-février, il marque les esprits lors d’un match de Coupe de France face à l’OM. Le gardien parisien stoppe un pénalty et trois tirs au but, qualifiant ainsi le PSG pour la suite de la compétition. Vint aussi un match face à Troyes où le gardien admettra qu’il a eu peur pour son intégrité physique en entrant sur le terrain, les supporters parisiens étant très remontés contre leur équipe à cause des mauvais résultats.

La saison suivante, Lionel Letizi est le gardien numéro 1 mais se blesse au dos et Jérôme Alonzo le remplace le pied levé, confirme et s’impose dans les cages parisiennes et permet au PSG d’accéder en finale de Coupe de France, finalement perdue 2-1 face à l’AJ Auxerre. Toujours blessé, Lionel Letizi n’est toujours pas de retour en début de saison 2003-2004 et le natif de Menton reste dans les cages. Vahid Halilhodzic re-titularise Letizi une fois de retour mais ses performances ne sont plus convaincantes. Désormais, Jérôme Alonzo n’est pas titulaire parce que son coéquipier est blessé, il est titulaire car il est meilleur. Cette saison sera marquée par des parades exceptionnelles et des exploits mémorables. Marquant aussi, ce soir d’avril 2004 quand il se sacrifie en faisant faute sur Christophe Meslin afin d’éviter que l’OGC Nice n’égalise. Alonzo ou le sacrifice salutaire. Le PSG finit deuxième à trois points de l’OL et Jérôme Alonzo fait partie des quatre meilleurs gardiens de Ligue 1. Mais la saison 2004-2005 est totalement différente. Alonzo démarre titulaire mais est moins performant, au même titre que l’équipe du PSG, et Letizi semble plus affûté, récupérant ainsi sa place de titulaire. Les portiers sudistes voient Laurent Fournier succéder à Coach Vahid mais la situation ne change pas et le mauvais parcours du PSG lors des matches de Coupes n’aide pas Alonzo a jouer autant que nécessaire. C’est l’arrivée de Guy Lacombe qui permettra au gardien à redevenir titulaire, excepté en Coupe de France que le PSG remportera 2-1 face à l’OM, avec Letizi dans les cages.

Lors de l’été 2006, Lionel Letizi file en Ecosse, chez les Glasgow Rangers, et Mickaël Landreau débarque à Paris. Alonzo ne jouera plus en Ligue 1. Il profitera de trois matches en Coupe de la Ligue, mais c’est tout. L’arrivée de Paul Le Guen lui sera encore plus préjudiciable, l’entraîneur francilien n’effectuant pas de turn-over en Coupe. Ce n’est qu’au printemps 2008 que l’on reverra le natif de Menton. Le PSG joue le maintien et Paul Le Guen veut créer un électrochoc en remaniant son équipe dans les grandes lignes. Le gardien jouera son dernier match sous le maillot parisien le 24 mai 2008 lors de la finale de Coupe de France 2008 face à Lyon. Malheureusement pour l’Histoire, Sidney Govou marque à la 102ème minute et offre le trophée aux Gones. Il est temps pour Jérôme Alonzo de tourner la page PSG, surement la plus sentimentale de sa carrière. Ce sera désormais du côté de Nantes que l’Azuréen évoluera.

Hommage alonzo par nico77370nangos

C’est un FC Nantes tout juste promu que Jérôme Alonzo rejoint. Le portier prépare son après-carrière et créé en novembre le magazine bimensuel Surface. Côté sportif, sa présence dans les cages nantaises n’empêchera pas les Canaris de faire l’ascenseur en retrouvant la Ligue 2 la saison suivante. Il passera donc sa dernière saison professionnelle au niveau inférieur, à 37 ans, mais ne participera qu’à 6 matches. Jérôme Alonzo tire donc sa révérence après avoir joué 309 matches professionnels en 19 ans de carrière.

C’est l’heure pour Jérôme Alonzo d’entamer une nouvelle aventure, loin mais pas tant que ça des vertes pelouses de football. S’il peut désormais jouer plus souvent au poker et au golf, ses deux passions après le football, il devient donc consultant TV où son franc-parler plaît. Les plateaux TV, il connaît bien, sa charmante compagne Marie-Gabrielle Lesne étant également animatrice. Tous les samedis matins, il participe à l’émission Paris Sportifs sur France 2 et devient ensuite consultant pour Orange Sport de 2010 à 2012. En 2011, il travaille aussi pour L’Equipe TV en apparaissant tous les jeudis et vendredis dans l’émission Foot & Co, tout en animant ses émissions Alonzo Matchs et Alonzo Dimanche. Dès 2012, il devient consultant pour France Télévisions tout en officiant également sur la chaîne TV de Sport365. Il anime également l’émission The place to be dans laquelle il rencontre les différents acteurs d’événements sportifs majeurs.

 

Jérôme Alonzo, une personnalité à part et qui dénote dans un univers footballistiques souvent édulcoré. Et s’il y a bien quelque chose sur laquelle nous pouvons nous réjouir, c’est bien sur le fait que l’ancien gardien s’épanouisse autant après sa carrière que pendant. Tant qu’il prend des risques, Jérôme Alonzo se sent bien. Et cela fait plaisir à voir.

Alonzo compil akon par azad95

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